Complainte d'une langagière torturée
Vous le savez, je suis une professionnelle de la langue, métier ingrat, car tout le monde pense qu'il ne nécessite aucune compétence spécialisée et que n'importe qui peut le faire aussi bien, sinon mieux, que moi.
C'est pas vrai, mais vous, vous le savez pas. Vous le savez pas parce que je suis sympathique et que je ne sursaute pas (extérieurement) à chaque niaiserie que vous dites, mais je les remarque quand même toutes. Mais comme vous êtes sympathique vous aussi, ça va. De toute façon, ça fait mal à qui si vous, un simple nobody (mes excuses, mais c'est nécessaire aux fins de comparaison), faites des erreurs?
Or, dois-je vous le rappeler, j'habite dans une région abominable pour les amoureux de la langue. L'influence de l'anglais est particulièrement forte, ce qui fait que les gens parlent un français qui me donne des sueurs froides. (En fait, ça vous donnerait même des sueurs froides à vous, simple mortel ayant vécu sa vie dans une vraie région francophone.) Passe encore quand il s'agit aussi de nobody, mais non; dans la région, même les supposés professionnels des communications sortent des trucs ignobles qui sont ensuite diffusés au grand public.
C'est comme ça qu'à la télé, pas plus tard que la semaine dernière, une chroniqueuse a dit qu'il y avait beaucoup d'"excitement" dans l'air.
Ou encore, à la radio ce matin, un animateur a dit qu'il demeurait "confident".
Chaque fois, sérieusement, je sacre à haute voix...