Saturday, May 19, 2007

In no particular order (because getting Blogger pages to load on my parents' computer is enough of a hassle, I'll throw all the information in one post while I can):

1. This morning, I told the story of the translation internship I had been offered by a Vancouver company two years ago as a result of this post. It made me realize that damn it, it might've taken three years, but I DID finally get to Ottawa. Cheers.
2. Si c'est vous qui étiez dans la bretelle qui relie la 20 est à la 15 sud vers 17h cet après-midi, et qui aviez si peur de la présence policière que vous rouliez à 75 km/h, eh bien j'ai un message pour vous : AVANCE, MERDE !
3. Comme ma mère est absente pour la fin de semaine et que mon père, en digne mâle haïssable de la génération précédente, ne s'abaisse pas aux tâches ménagères comme la vaisselle, le ménage, ni simplement à ouvrir les stores de sa chambre le matin, je devrai me charger de la vaisselle demain après avoir fait ma recette Hershey's. Comprenez-vous ? Je vais faire un dessert pour mon père, je vais nettoyer la cuisine et je vais faire la vaisselle ensuite. Ça risque fortement de me donner la bizarre d'impression de former un couple avec mon père. Yuck. Moving on.
4. Reading through Chatelaine earlier, I found an article on readers' values. I haven't read it yet, but I plan to. I thought I should mention that I regained the moral principles I had decided to let go of last year, because I guess I can't seem to learn anything. Consequently - I will be turning my back to you guys and gladly accepting all knives you might feel like stabbing me with. Oh, and you're welcome.
Quote du jour, dans la catégorie mon-chum-est-anglophone-alors-je-perds-mon-français :

Anémone : C'est beau, les lilas, mais ça dure juste pendant une fenêtre de temps.

Friday, May 18, 2007

Ce sont tout de même des trucs impressionnants, les coïncidences.

C'est d'ailleurs au nom des coïncidences que j'introduis ce soir un nouveau surnom de blog : A sera à présent Anémone. Vraiment, quel bel achat que ce livre des prénoms !

C'est quand même quelque chose.
Anémone a fait son bac pas très loin d'où j'ai grandi. Anémone a envisagé de devenir traductrice. Anémone tripe aussi sur les Promenades Saint-Bruno et, surtout, sur le Simon's. La vie d'Anémone a planté pas mal en même temps que la mienne, et d'une manière comparable. Anémone se ramasse dans la même situation sociale que moi, soit dans un entre-deux, après avoir quitté une région, mais avant d'être vraiment établie dans une nouvelle. La grand-mère d'Anémone habite à quelques coins de rues à peine d'où je vivais pendant mes études. Anémone a mis elle-même sur le tapis un sujet dont je souhaitais discuter avec elle - un coup réussi uniquement par Djo jusqu'ici.

Bref. Nous sommes fait une petite soirée tranquille promenade-jasage-François-Pérusse-rhum-jus-de-canneberge où nous avons élaboré tout un tas de projets.

Je recommencerai peut-être un jour à passer ce genre de soirée à refaire le monde en paroles, mais j'espère que ça sera pas avant un bout encore.
Je suis pas mal fière de moi.

Comme ma mère travaille maintenant 7 jours semaine, les séjours chez mes parents risquent de se faire plus rares et plus plates. C'est pourquoi cette fois-ci, j'ai fait de mon mieux pour me booker le plus possible, avec des résultats assez intéressants.

Ainsi, je pars demain probablement vers le milieu de l'après-midi. Faudra que j'appelle Tweety, qui se retire du monde virtuel chaque été, pour savoir si elle a envie d'aller prendre un café ou quelque chose du style. Quant à dimanche, j'avais prévu d'aller me magasiner des runnings de jogging, faire une autre expérience culinaire Hershey's - en plus, ma mère vient de m'inviter à passer la voir à son travail de fin de semaine dans l'après-midi. Je crois aussi que je vais commencer à faire un grand ménage de ma chambre, qui est pratiquement dans l'état où elle était quand j'habitais chez mes parents. Enfin, le soir, je risque de voir Djo et sa blonde. Lundi matin, j'invite ma mère au resto, et je dois aller passer l'après-midi avec Peanut, à atteindre mon objectif numéro un de la fin de semaine, soit aller magasiner chez Simon's.
Entendu hier au Sports Experts, pendant que je regardais les sandales pour la Tunisie, et les runnings pour le jogging :

Ça ? Non, ce ne sont pas des souliers de jogging. Si vous courez avec ça, je vous prédis des bons maux de genou.

Me suis senti visée.
Bon.

Je descends chez mes parents samedi après-midi. J'ai écrit à ma mère pour le lui dire (car j'ai pas une minute à moi le soir pour l'appeler), et elle m'a répondu de bien apporter ma clef car elle sera absente, et mon père reviendra assez tard samedi soir.

J'aurai donc encore une fois une maison à moi toute seule.

Faudrait quasiment que j'en profite. Je sais juste pas comment...
I hardly ever have health problems, but when I do, whenever I start to feel better, I grow entirely amazed.

For the first time in at least a month, this morning, after dance class, my knee barely hurts at all.

Quartz is happy.

Thursday, May 17, 2007

Deuxième quote du jour, parce que beaucoup trop réaliste :

Mel (en nous montrant les photos de son voyage en Californie) : C'est rare que vous allez me voir sourire de même à zéro degrés !
Quote du jour :

Maridi : Quartz, d'abord, il faut que tu construises ta confiance en toi. Ensuite, tu te fais un chum... et il te la détruit.
1. Maridi et moi avons essayé une recette tirée du site Web de Coup de pouce hier soir. On a failli mourir de faim le temps de la préparer, mais bon. On a obtenu quatre portions, ce qui fait qu'on a le même lunch aujourd'hui. Je nous trouve vraiment cutes.
2. It's been two days and I already loathe having to rush in the morning in order to have time to do those physiotherapy exercizes. However, because getting up earlier than 6:30 isn't an option - in my world, there is absolute nothingness until 6:30 in the morning, thank you - I don't really have a choice.
3. The physiotherapist gave me permission to do any physical activity I feel like doing, as long as I do those two stretching exercizes I already have to do twice a day before AND after each activity. If this is supposed to be a deterrence technique, let me tell you it works wonders - motivation to show up to dance class tonight is very low right now, purely because I don't wanna spend my life stretching.
4. Today's Thursday and - knock on wood - I'm still in a good mood. Yippy!

Wednesday, May 16, 2007

Quote du jour, prononcée par votre bloggeuse préférée :

Ça sent la fraise qui se gratte.

La bloggeuse en question soutient toujours qu'il était très clair qu'elle faisait allusion à l'odeur chimique de fraise des scratch n sniff, mais à en juger par le fou rire de Maridi, c'est peut-être pas le cas pour tout le monde.
Créations discursives du jour :

Démission volontaire forcée
Fuck friend émotionnel

Pensez-y.
Experiment of the day: anyone ever melted a Hershey's Kiss in their coffee?

I figured it couldn't not be interesting, so I did.
But don't.
It doesn't significantly change the taste of the coffee, and the only tangible result you get is you see the tiny fat bubbles floating.

Quite disturbing as I never wanted to know what amount of fat can be found in Hershey's Kisses.
I guess that means I just burst my own bubble. And I thought it was Rob's job.
Je me suis réveillée ce matin afin une paupière enflée - ça ressemble à la réaction allergique j'avais fait juste avant d'aller à Madrid, en beaucoup plus léger.
Fouillez-moi d'où ça vient, ça peut presque juste être les traitements que la physio m'a faits hier, mais je suis pas certaine que ça soit crédible, comme explication.

C'était quand même la première fois depuis que je suis en appartement que j'avais un quelconque produit anti-allergie qui n'était PAS passé date dans ma pharmacie quand j'en avais besoin...

Tuesday, May 15, 2007

J'ai envie d'aller manger chez Lien.
Il faudrait vraiment que quelqu'un ouvre un Lien dans la région.
Je commence sérieusement à détester appeler ma mère. Elle est juste épuisante. Pas pour rien que je me débrouille toujours pour avoir quelque chose à faire pendant que je l'écoute : de la vaisselle, du ménage, du pliage de linge - ce soir, j'ai fait mes exercices de physio. Je vous en prie, si un jour je vous draine autant que ma mère peut drainer mon énergie et ma bonne humeur, ne m'avertissez pas : tuez-moi immédiatement, plutôt.

Je croyais jusqu'à ce soir que ce qui était le plus énervant, chez elle, c'était sa capacité à parler pendant de longues minutes de quelque chose qui n'est PAS arrivé, ou de quelque chose qu'elle ne sait PAS. Ou encore son habitude de parler de trucs particulièrement pas intéressants ou pas pertinents avec force détails - vous voulez pas savoir le temps que peut mettre ma mère à me décrire la COULEUR de son nouveau t-shirt par téléphone. Sérieusement, vous voulez juste pas.

Maintenant, je crois plutôt que ce qui m'achale le plus, c'est que je ne peux jamais demander de ses nouvelles à ma mère : dès qu'elle entend ma voix au bout fil ou qu'elle m'aperçoit quand je vais la visiter, elle me raconte toutes les dernières nouvelles de sa vie dans le détail. Mais VRAIMENT dans le détail. Ce soir, j'ai eu droit aux détails des rouages de l'aide financière aux études - ma mère se contrefiche complètement que je les connaisse par coeur, les ayant explorés tout au long de mon bac, il faut quand même qu'elle me les décrive.

Ainsi, chaque fois que je l'appelle, elle monopolise disons la première demi-heure à me raconter sa vie, pendant que je témoigne de ma présence à grands coups de "hmm-hmm", "ouin" et "ok". Ensuite, elle y va avec un "pis toi ?" - à ce moment-là, vous comprenez bien que j'ai plus du tout envie de raconter mes histoires.

Le comble de l'insulte est venu ce soir.
Quand elle a enfin eu terminé son monologue et qu'elle m'a demandé ce qu'il y avait de nouveau de mon côté, je lui ai dit que j'avais été chez la physio cet après-midi. Elle avait pas retenu que c'était aujourd'hui, ce qui n'est pas particulièrement grave.

SAUF QUE, au bout d'un moment, elle s'est écriée : "Au fait ! Ta chatte s'est fait opérer, non ? Comment elle va ?"

...

C'est clair : je peux pas avoir d'enfants. Je risque trop de virer comme ça, et ça serait dangereux pour la santé mentale de tout le monde.
Je suis donc de bonne humeur, là ! Mais tellement !

Comme je vous l'ai raconté hier, j'ai fait ma délinquante hier soir et je suis allée faire du jogging. Ça m'a d'ailleurs valu des commentaires évocateurs de la part de Maridi et DraG, qui n'étaient pas très fiers de moi - sans parler de Raiontzukai qui était dans mon bureau à 8h30 ce matin à me chicaner !

Eh bien, eh bien, eh bien, vous saurez que j'ai très bien fait ! Pourquoi ? Parce que pour identifier le problème, la physio devait recréer la douleur dans son bureau, tout à l'heure ! J'aurai eu l'air de quoi, moi, si j'avais plus eu mal, je vous le demande ?

J'ai été très impressionnée par Em, qui a posé par courriel, sans m'examiner, le même diagnostic que la physio que j'ai vue cet après-midi. Je sais pas si c'est Em qui est particulièrement compétente ou moi qui ai spécialement bien décrit ma situation, mais bon !

Ma physio (oui, je passe au possessif, maintenant) a conclu que mon problème pouvait avoir deux causes : il s'agit soit d'un manque de muscle chez mon vaste interne (un muscle de l'intérieur de la cuisse; mon gauche est plus petit que mon droit), ou d'une manque de souplesse d'un muscle dont j'ignore le nom, mais qui relie la fesse à la rotule. On se fiche un peu de la bonne réponse puisque les exercices sont les mêmes dans les deux cas.

Par conséquent, j'ai deux étirements différents à faire cinq fois matin et soir, ainsi qu'avant et après chaque activité physique, en plus d'un exercice sensé muscler mon vaste interne, que je dois faire matin et soir également.
Comme me l'avait suggéré Em, je devrai mettre de la glace après avoir pratiqué une activité physique, si j'ai mal en terminant ou si je risque d'avoir mal plus tard - pour le moment, ça veut dire systématiquement, parce que mon genou proteste pour la moindre peccadille. Là-dessus, je tiens à souligner que j'ai mis de la glace sur mon genou hier soir après le jogging justement pour essayer de limiter la douleur d'aujourd'hui - j'en conclus que j'ai vraiment une âme de physiothérapeute. Merci, merci.

Mais je ne vous ai pas encore parlé du plus excitant : vers la fin de mon évaluation, ma physio m'a demandé quand j'avais l'intention de courir, la prochaine fois.

Je lui ai dit que j'avais beaucoup ralenti la cadence dernièrement, mais que j'aimerais bien m'y remettre.

Et vous savez quoi ? JE PEUX ! JE PEUX !
Elle m'a conseillé de me donner quelques jours pour que mes exercices aient le temps d'aider un peu, disons jusqu'à samedi. Puis, de me donner au moins 24h de repos et de voir comment je me sentais... et de recommencer avant de retourner la voir la semaine prochaine, pour qu'on voit si je me porte mieux.

Donc voilà, je suis de super bonne humeur. Pour changer. C'est quand même la quatrième semaine que je commence avec le moral au max; je commence à accorder une certaine crédibilité à la théorie de Peanut, selon laquelle mes hormones participent à un supra-rave dans mon cerveau en début de semaine, ce qui expliquerait que j'ai le moral qui tombe immanquablement le jeudi ou vendredi...!
I'm going to the physiotherapist this afternoon, so I'll have to leave work early and take a bus other than my usual express bus, that takes me to the mall - a 15 minute walk from where I live.

This morning I drove my car to the parking that's about halfway between the mall and an express bus stop, so that I could take my regular bus and not have to walk for 15 minutes this afternoon when I get back.

I usually am standing towards the back of the bus, but because I got in at a different stop, I was standing feet away from the driver.

It's only when I got into cégep that I started taking the bus regularly - mostly because, well, for the first time in my life I was studying in a city that had an actual transit system. I learned quickly not to watch what the driver was doing - I can't drive a bus, obviously, and I kept getting the impression that we were about to get into an accident. The wide turns, especially, made me go absolutely crazy.

Eventually, it passed - and this morning, while standing right next to the bus driver, I thought it was nice to actually see where we were going.

Right up until the driver, who was having a very uninteresting conversation with the closest sitting passenger, decided he really needed to show that passenger a memo regarding some road work that will be starting next week.

He pulled the folded memo from his bag (that hung next to his seat) and unfolded it with both hands, in a curve, without looking up before he passed it on.

I nearly f a i n t e d.

I'm probably going to have to see that physiotherapist each week for a little while - if wearing a blindfold is the only way to make it through every Tuesday morning without experiencing that sort of adrenaline rush, then so be it...

Monday, May 14, 2007

La soirée s'annonçait plutôt tranquille et il n'y avait rien à la télé, si bien que la seule option qui s'offrait à moi était de téléphoner à ma mère. Corvée épuisante dont je n'avais pas la moindre envie de me charger. J'ai donc entrepris de me trouver des excuses pour ne pas le faire.

Je suis allée faire l'épicerie alors que j'avais prévu d'y aller mercredi. Comme je n'avais pas grand chose sur ma liste, j'ai décidé de me gâter en achetant des trucs que je n'achète pratiquement jamais, soit : de la crème glacée (au Coffee Crisp !) et du mélange à pina colada.

(Pour une raison plutôt obscure, j'ai commencé à rêver à des pina coladas en fin de semaine. Ça doit être parce que l'été commence. Cet été, je n'ai ni études, ni balcon, mais pas de vacances non plus. Je crois donc que je vais transposer mes habitudes d'une banlieue à l'autre et passer l'été dans ma cours arrière avec de la musique, de la lecture, un top de bikini et un drink.)

La caissière sur qui je suis tombée a entrepris de m'expliquer à quel point elle faisait des heures incroyables, qu'elle était fatiguée, qu'elle avait demandé congé demain et qu'elle espérait bien qu'il lui serait accordé. Je dois avouer que je commence à trouver que je suis entourée de chialage ces temps-ci. Sous le coup de cette influence, je me surprends moi-même à bitcher pour rien. Ça m'énerve.

J'ai rangé mes achats une fois de retour chez moi, et en rangeant ma bouteille de mélange à pina colada, je me suis fait la réflexion que je pourrais faire quelque chose avec ma glace de beaucoup plus intéressant que la mettre dans une débarbouillette et la tenir contre mon genou.

Ce qui m'a rappelé que je vais chez la physio demain après-midi, et qu'elle m'interdira sans doute officiellement quelques activités physiques pendant un temps.

Je me suis dit que j'étais aussi bien d'en profiter pendant que cette interdiction n'était pas officielle, et je suis allée faire du jogging. Ça a pris 5 minutes avant que je commence à sentir mon genou, 11 avant qu'il commence à me fatiguer, et 17 avant qu'il fasse officiellement mal. J'ai couru 25 minutes, alors c'est quand même pas trop mal....
J'ai eu un flash pour mon texte d'hier en marchant jusqu'au centre d'achat. J'envisage de plus en plus sérieusement de commencer à me promener avec un petit carnet de notes pour noter mes idées au fur et à mesure qu'elles me viennent.

I feel like writing these days, but I'm having a hard time picking topics.
So if you've got anything you'd like written out, or if you have suggestions of any kind (topics, starting lines, metaphors to expand from), throw them at me. I'm rusted and I want practice.

Sunday, May 13, 2007

Make it easy, make this easy
It's not as heavy as it seems
Wrapped in metal, wrapped in ivy
Painted in mint ice cream
La fiction, la réalité et la subjectivité s'entrecroisent constamment, surtout dans un blog aussi personnel que le mien.

Je l'ai déjà dit, mais je tiens à le répéter, même si j'ai compris que je ne serai jamais à l'abri des courriels de bitchage, des questions, des commentaires méchants et que mes mots, malgré leur valeur pratiquement nulle, peuvent tout de même être la cause d'engueulades ou de douleur.

Je continue parce que ce ne sont que des mots, et que c'est la seule chose que personne ne peut m'enlever.

Mais je n'oublie jamais que je suis un miroir, et chacun d'entre vous en est un également, qui voit dans chaque texte uniquement ce qu'il a envie de voir, peu importe ce que j'y ai mis au départ.


Celle-là


J'y repense parfois, seulement pour essayer de démêler la chronologie - et, du reste, je n'y arrive pas. Car tu avais ce talent indéniable, cette dégoûtante capacité à avancer assez progressivement pour que tous n'y voient que du feu, moi comprise.

J'ai été "elle" avant d'être "celle", avant de gagner ce petit "c" qui change tout.
Une parmi tout un tas d'"elles", je n'en doute même pas - et ma petite voix intérieure a su très rapidement que tu voulais que j'en fasse partie.

Mais je l'ai fait taire.

De mon côté, j'étais celle qui étais convaincue de l'honnêteté et des bonnes intentions des gens et qui, par conséquent, ne comprenait pas. J'étais celle qui demandait, mais ne voulait pas savoir.

Je l'ignorais, mais j'étais aussi celle de qui on te parlait, à propos de qui on te questionnait, celle qui faisait l'objet des rumeurs par peur et par dépit, celle qu'on regardait d'un oeil soupçonneux, celle à qui on en voulait.

Celle de qui on s'est vengé, sans y penser à deux fois, celle à qui on n'a eu aucune réticence à infliger une souffrance si réelle qu'elle en devenait tangible; si solide qu'on aurait pu la découper en morceaux et la ranger sur les tablettes, bien droite et sage, ou encore l'accrocher aux murs, pour décorer.

Alors je suis devenue celle-. Celle que tu pouvais à présent cacher sans problème, celle à propos de qui tu mentais, celle à qui tu mentais également, celle à qui tu tentais de remettre le mal qu'elle te faisait, celle que tu ne voulais pourtant pas abandonner à son malheur.

Désorientée, seule, défaite, j'ai été celle qui faisait pitié et qui avait besoin de soutien. Celle qui n'a pas soupçonné une seule seconde qu'en s'accrochant au bras que tu lui offrais, elle acceptait de porter le poids d'un trait d'union et de deux petites lettres de plus. Celle qui, il faut bien l'avouer, s'en serait fichée même si elle l'avait su parce qu'elle n'en pouvait plus d'étouffer et de payer pour les choix et le fun des autres.

J'ai été la complice, celle qui s'est tue, celle qui t'a laissé faire, celle qui savait bien tout ce que tu taisais quand tu retournais chez toi. Celle qui ne se demandait jamais si tu reviendrais, celle qui n'exigeait, ne voulait, n'attendait rien. Celle qui prenait parce qu'elle en avait tellement besoin.

Celle-là, c'est ce que tu as fait de moi. Comprends-tu ce que tu as dû m'infliger pour que j'en arrive là ? Mesures-tu ce que j'ai dû subir pour en arriver à ça, à ce personnage que je ne connaissais pas ?
Je croyais avoir un chat particulièrement intelligent et adorable - avec un caractère d'enfer, mais passons.

Effectivement, après les deux petits accidents de vendredi soir, Sambuca a compris qu'elle devait utiliser la litière, même si c'était à présent du papier déchiqueté, et non de la grenaille, qui s'y trouvait.

Même qu'elle ne jouait pas trop avec ses pattes et avec ses points sur le ventre : je l'ai à peine avertie quelques fois depuis vendredi. Sinon, je m'inquiétais de devoir faire en sorte qu'elle ne joue pas trop pendant une semaine, mais finalement, elle fait pratiquement juste dormir depuis son retour à la maison.

Je suis donc tombée sur un bon numéro ! me disais-je, à renfort de tapes dans le dos, comme si j'y avais été pour quelque chose.

Tout à l'heure, je me lève, prête à me diriger vers le centre d'achat, quand j'aperçois des petites taches au sol. Je me penche pour les examiner : hé, c'est du sang !

J'ai saisi mon bébé pour l'examiner sous toutes ses coutures : je croyais qu'elle avait défait un de ses points, mais non, son bedon est toujours bien refermé. C'est plutôt le bout d'un de ses doigts de patte qui a saigné.

Évidemment, le vétérinaire est fermé le dimanche, donc je peux rien faire de concret, mis à part essuyer le restant de sang de la patte (à en juger par ses protestations, Sambuca n'a même pas apprécié) et y mettre un peu de crème cicatrisante.

Oh, et, bien sûr, me promener à quatre pattes dans l'appartement avec un chiffon pour frotter les taches de sang qui ornent le plancher que je venais de mopper ce matin même.

Afin d'éviter que Sambuca lèche la crème et continue à se massacrer les pattes pendant mon absence, j'ai dû remettre mon expédition au centre d'achat à plus tard cet après-midi; je me suis donc installée devant l'ordinateur et j'ai forcé la petite convalescente à se coucher sur mes genoux, le temps que le saignement s'arrête complètement.

Sérieusement, entre le chat et les enfants, la nuance diminue de jour en jour...