C'est l'histoire de M. Weiss, qui a de légers problèmes cardiaques connus, mais qui n'ont jamais nécessité de traitement, qui a besoin d'une opération pour la cataracte. Son médecin lui suggère de participer à une expérimentation de gouttes ophtalmiques post-opératoires destinées aux personnes qui subissent cette opération-là. M. Weiss ne retire aucune avantage de ces gouttes-là, il veut juste rendre service, et il accepte. Le suivi de l'expérimentation exige un examen, qui doit avoir lieu à trois reprises si ma mémoire est bonne, dans le cadre duquel on injecte un certain liquide au patient. Or, l'injection du liquide comporte un risque, très rare, mais connu, d'arrêt cardiaque, surtout chez les personnes qui ont déjà des problèmes cardiaques. Vous me voyez venir?
Est-ce qu'on informe le pauvre M. Weiss? Bien sûr que non. C'est un tout petit risque, ça ne compte pas - un médecin a le nerf de dire qu'il aurait parlé de ce risque si M. Weiss lui avait posé la question. Mais bon. M. Weiss se présente à l'hôpital pour l'examen de suivi quelques jours après son opération. On ne vérifie pas son corps, sa pression, quoi que ce soit. On lui injecte le liquide, et dans les secondes qui suivent, il sent des picotements à la poitrine. On arrête l'examen, on le couche au sol. Parce qu'apparemment, l'examen a lieu dans une salle inutile sans matériel de réanimation, sans électrocardiogramme, rien. M. Weiss a des convulsions, son coeur s'arrête. On lui fait le RCR pendant que quelqu'un va chercher de l'aide. Et quand quelqu'un arrive avec du matériel, eh bien, ya pas d'électrocardiogramme sur le chariot, ni le gogosse qui sert à réanimer (vous savez, les deux trucs que les médecins crient "clear" pis ensuite donnent un choc électrique?). Bravo, mes champions. Pendant tout ce temps, on ne peut rien faire parce qu'on ignore ce qui se passe avec M. Weiss. Et quand finalement on a les bons outils en main, il est trop tard, M. Weiss est mort.
En plus, sa femme l'attendait dans le stationnement de l'hôpital. Au bout d'une heure, elle est entrée voir ce qui se passait. Vous imaginez? Au procès, la défense a eu le culot de dire que les médecins n'étaient pas responsables puisque ce n'était pas les gouttes qui avaient causé le problème.... non mais je rêve?
C'est épouvantable. Et ça se passe au Québec, en 1981, une époque où les normes du consentement éclairé existent - il y a même une Déclaration internationale concernant l'expérimentation et le consentement d'annexée au formulaire de consentement de l'hôpital...
En tk, moi, j'en reviens pas. Chaque fois que je commence à lire cette décision-là, je pogne les nerfs. Je suis pas certaine de retenir les points de droit que je devrais retenir, par contre. Mais bon. Ça, la prof pourra me les expliquer la semaine prochaine!
Maintenant, à vous de rager.