Oui-oui, je me suis réellement faite agressée verbalement dans le métro cet après-midi ! Pour une fois, il n'y a aucune exagération de mon côté ! Enfin, moi, j'ai trouvé ça plutôt drôle et j'en suis encore tout ébahie, par conséquent, si vous avez envie de rire, ne ratez pas ce qui suit !
Il est un peu avant 16 h, DraG et moi sortons de notre entrevue. Le train arrive à la station : il est plein, alors tout le monde se pitche. Je suis derrière DraG et j'avance tranquillement, quand j'aperçois à ma gauche une dame qui semble décidée à me couper et à entrer avant moi. Parce que moi, j'ai fait la file, je fais une avancée rapide vers l'avant et elle emboutit mon coude. Nous rentrons toutes les deux dans le métro, elle juste derrière moi, et quand je me retourne pour lui jeter un coup d'oeil, histoire de m'excuser si elle est offensée, je trouve devant moi une femme qui a environ la trentaine, qui fait quelques pouces de plus que moi et qui se met à hurler : "Mais tu m'as frappée ! Tu m'as frappée !". J'ouvre grand les yeux, je ne comprends vraiment pas : selon mon dictionnaire, "frapper" implique une intention et une certaine force appliquée. Moi, tout ce que j'ai fait, c'est avancer dans la file et elle m'a emboutie. J'essaie donc de lui expliquer, par deux fois, de façon calme, que je ne l'ai pas frappée, que c'est elle qui m'a poussée. "Mais oui, comme tout le monde ! Tout le monde pousse, tout le monde veut rentrer dans le métro !" me répond-elle, toujours à tue-tête - à ce moment-là, le total de décibels à l'intérieur du métro a radicalement diminué, tout le monde est démonté de la voir aller. Je vois bien que j'ai affaire à une illuminée contre qui je ne peux pas gagner, alors je résouds de me taire et je regarde ailleurs. Sauf que l'autre n'en finit pas de me chialer à plein volume, et elle finit par se retourner vers moi : "Agressive ! T'es agressive !" Là, je manque à ma résolution, parce que je veux bien ne pas jeter de l'huile sur le feu, mais c'était trop drôle pour ne pas relever ; je lui accorde donc un regard pour lui souligner, l'air de ne pas y toucher, que ce n'est pas moi qui crie à l'heure où on se parle. "Mais oui !" s'écrie-t-elle. J'étouffe un fou rire et je retourne à mon occupation de regarder ailleurs.
Mais non ! Ce n'est pas encore assez pour l'autre folle ! Si moi j'ai compris que je ne pourrai pas la raisonner, elle, de son côté, croit encore qu'elle va arriver à m'impressionner. Elle continue donc à bourrasser à l'intention de l'autre dame qui l'accompagne, tout en me coulant des regards en coin : "Elle m'a frappée ! Avec son coude ! Paf ! Franchement.... complètement stupide ! Une Québécoise !"
C'est ici que je retiens une remarque cinglante qui lui aurait fait pousser les haut cris en m'accusant de racisme.... Je ne suis pas raciste, mais quand même, quand on décide de s'établir dans un pays, on ne commence pas à insulter les gens qui vivent dans ce fameux pays d'adoption ! Si les Québécois ne savent pas vivre à ce point, qu'est-ce que tu fais ici ? Ya personne qui t'a forcée à venir ici, merde, si ça fait pas ton affaire, va ailleurs !
Je ne dis toujours rien et l'autre a fini par se taire... mais elle continue, debout à côté de moi, à me regarder fixement, des éclairs dans les yeux (interlude Yvon Deschamps : "si ses yeux avaient été des pistolets.... elle se tirait dans le nez, elle regardait de même !"). À nouveau, je mets de côté ma résolution de garder le silence parce que bon, le jour où je vais laisser croire à une espèce de fêlée qu'elle me fait peur est pas encore arrivé et je me tourne vers elle, lui demandant de s'en remettre et de passer à autre chose et je lui assure que tout le monde va survivre. C'est là qu'elle commence à me raconter qu'elle est Maya et que les Maya ne frappent pas les gens.... j'émets des hmm-hmm peu intéressés avec un air condescendant (non mais si elle croit qu'elle va me donner des leçons !), puis elle essaie de me faire connaître une expression qu'ils disent chez elle.... Je lui ai dit que j'étais pas du tout intéressée à ce qu'ils disaient chez elle (j'ai retenu une autre réplique du genre : "ben regarde, si c'est si bien chez toi et que c'est si mal ici, pourquoi t'es pas restée là-bas ?"). Elle m'assure aussi que je lui ai fait peur ! Effectivement, si j'étais à sa place et que je me jetais sur un coude en mouvemen et que le coude en question appartenait à une fille de 5 pieds, 100 lbs, je me sentirais également très menacée. C'est pour ça qu'à cette réplique-là, je n'ai pas plus retenir mon fou rire, parce que quand même, entre nous deux, je crois bien que c'est moi qui a eu le plus peur !!!!
Heureusement, au bout de deux stations, d'autres gens sont entrés dans le métro déjà plein et l'autre a été relégué au fond du wagon et j'ai pu passer le restant du trajet en paix, à me remettre de mon choc initial.
Maintenant, faut vraiment que je revienne sur les quelques répliques que j'ai gardées pour moi parce que j'avais pas envie de déclencher une bataille sur le racisme en plein métro... Mais ça me fait vraiment chier, à la fin, qu'il soit impossible aux Québécois pur laine d'émettre le moindre commentaire sur les immigrés sans se faire automatiquement lapider. Parce que l'autre folle, elle a commencé à dénigrer les Québécois, quand même, et bon, ça n'a eu aucun impact parce que je suis Québécois, fière de l'être, que je suis à ma place dans mon pays et que le racisme, je ne connais pas ça. Mais ça en reste quand même ! Par contre, moi, je lui aurais dit de retourner dans son pays ou d'aller en voir une autre si le Québec ne lui convenait pas, et ç'aurait été grave ! Pourquoi ? Uniquement parce que les Mayas sont en minorité ici ? Ça me purge à un moment donné de devoir retenir certaines répliques dénuées de racisme parce qu'elles vont être interprétées de travers ! Parce que dans le fond, si la dame en question avait été de Trois-Rivières et qu'elle avait chialé contre moi en me traitant de Montréalaise, je lui aurais sûrement dit de retournais dans son Trois-Rivières chéri, et le commentaire aurait été totalement correct....
C'est comme le scandale des petits bonbons Couche-Tard qui date de l'an passé, je crois : sur les enveloppes de bonbons, on voyait un homme noir avec une grosse araignée sur la tête. L'araignée représentait des dreads. C'était pas du racisme, c'était un cliché : c'est un fait qu'on associe les dreads aux Noirs. Eh bien les organismes ont fait un drame avec cette histoire-là. Non mais, on dit aussi que les rousses sont cochonnes et que les blondes sont stupides, et ya personne qui capote avec ça....
Enfin. Tout ça pour dire que le métro de Montréal est très dangereux...!
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