Parce qu'on manque tous parfois de guts...
Mardi après-midi, le téléphone sonne. C'est K, un bon ami de Peanut, qu'il n'a pas vu depuis genre le mois de juillet ou d'août. Il discute dans la cuisine, le téléphone coincé entre l'oreille et l'épaule, en coupant des légumes sur la planche à découper.
De mon côté, je suis en train de me peigner et de me maquiller. Comme l'éclairage qu'on obtient dans la chambre est plutôt merdique (préférez un unique globe plutôt que trois lampes séparées si vous souhaitez une lumière qui a de l'allure), pour cette étape de ma journée, je finis toujours par alterner entre le miroir de la chambre et le miroir de la salle de bain.
Il n'y a aucun son dans l'appartement mis à part la conversation de Peanut au téléphone, je l'écoute donc d'une oreille distraite donner de ses nouvelles à son ami. Tout à coup, je l'entend raconter qu'"on" a déménagé et qu'"on" est bien content d'avoir "notre" appart' avec les couleurs qu'"on" a choisi sur les murs et tout... Je me lance un regard interrogateur dans le miroir; à ma connaissance, K ne sait pas que moi et Peanut sommes maintenant séparés, et cette énumération à la première personne du pluriel de Peanut ne le laisse pas vraiment entendre.
Je le rejoins à la cuisine et je lui lance un regard du style :"Ah ouin ?"
Peanut rigole un peu, me lance un "quoi ? qu'est-ce qu'il y a ?" tout innocent; je secoue la tête et retourne à mon maquillage. Après tout, bon, c'est pas exactement mentir, on vit toujours ensemble et veut, veut pas, même si ça donne un air bizarre parfois, on n'a pas vraiment le choix de continuer de parler de certains truc au "nous".
Je continue donc à faire ce que je faisais, puis, encore, j'entends Peanut : "Ah, elle va bien, elle tombe en stage en janvier pour tout l'hiver.... Elle va travailler au centre-ville...."
Je connais K - c'est un gars très bien, un des rares amis de Peanut à m'avoir jamais considérée comme une personne à part entière et non pas un appendice que traînait un de ses amis. Et à entendre la réponse qu'est en train de donner Peanut, je peux carrément entendre la voix de K poser la question "Et puis ta blonde, comment elle va ?"
Bon, je me promène pas moi non plus avec une pancarte déclamant JE SUIS MAINTENANT CÉLIBATAIRE et la majorité de la famille de mon père et plusieurs autres personnes ne le savent toujours pas... Sauf que quand la situation l'exige ("Ton chum est pas venu avec toi ?"), j'annonce la nouvelle d'une brève phrase. Évidemment, ça entraîne toujours un silence et un petit malaise, mais bon, au nombre de fois où je me suis fait faire le coup (- Pis, ta blonde va bien ? - Ah, c'est parce qu'on n'est plus ensemble...) je ne sens pas de ma responsabilité d'alléger le malaise. Donc ça va, le message passe et on passe à autre chose.
Et je serai la première à avouer que j'ai manqué de nerf le jour où j'ai vu ma proprio et que j'ai voulu lui demander de m'avertir si un de ses logements se libérait et que finalement, je l'ai laissé me parler de mon "chum" pendant une bonne heure sans dire un mot, mais là, si c'était pas l'occasion idéale pour annoncer la nouvelle à K, je vois très mal quelle occasion rassemblerait plus d'éléments gagnants que celle-là...
Enfin. Moi, ça me dérange pas, j'ai juste trouvé ça plutôt drôle.
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