Vous vous en souvenez peut-être, il y a maintenant 10 ans, je me suis, presque malgré moi, exilée en Outaouais après avoir vendu mon âme au diable (lire : le gouvernement fédéral).
J'ai occupé ce premier emploi pendant près de cinq ans. Il comportait certes certains éléments négatifs majeurs, que ce soit la Prise en charge incapable qui était à sa tête les deux premières années, le climat borderline malsain, les cliques et, surtout, l'élément qui m'a personnellement, quoique de reculon, poussée vers la porte, la haute gestion déficiente (pour utiliser un euphémisme) - MAIS s'y trouvaient également des grands éléments positifs : une équipe extraordinairement soudée (disons la plupart du temps), un travail qui constituait exactement ce que j'avais voulu, une certaine liberté (tributaire de votre rendement personnel, certes, mais ça n'en est pas moins avantageux), une cuisinette où rigoler intensément sur l'heure du diner.
Je ne le voulais pas vraiment, mais je n'ai pas eu le choix de partir. J'avais fait un bac en traduction parce que je voulais traduire, mais j'ai dû choisir entre la traduction et mon équilibre mental. Je ne traduis donc plus, et ya une partie de moi qui trouve le ratio trois-ans-d'université vs cinq-ans-de-travail plutôt insatisfaisant.
Depuis mon départ de cet emploi, j'en ai occupé deux autres. Mon emploi actuel est vraiment super. Ce n'est pas de la traduction, mais c'est le travail que je visais à faire dans plusieurs années. Il m'est juste tombé dessus vraiment beaucoup plus vite que prévu. Et j'aime ce que je fais. En plus, j'ai une bonne gestionnaire (chose que mes expériences antérieures m'ont appris à chérir!) et j'ai une équipe qui est, elle aussi, extraordinairement soudée, quoique un peu moins rigolote.
(Cela dit, il y a là-dedans une collègue qui garde mes enfants, qui me donne du chocolat et du thé, qui me dit régulièrement que je suis belle-bonne-fine-capable et qui me donne des vêtements, si bien que je crois qu'elle compense à elle seule pour ce léger écart!)
L'autre semaine, je suis allée prendre une marche, sur ma période de diner, avec celle qui a été mon encadreure à ce premier emploi. C'est quelqu'un que j'admire beaucoup, pour ses principes, ses compétences, ses expériences - pour l'ensemble de sa personne, au fond, je crois! De plus, à l'époque où elle m'encadrait, et même par la suite, elle m'offrait un soutien indéfectible contre notre Prise en charge frustrée, que ce soit en se battant pour que j'obtienne ma promotion au niveau d'autonomie ou en prenant ma part quand j'arrivais dans son bureau en sanglotant (bon, ça c'est arrivé une seule fois, mais je suis tellement orgueilleuse que le simple fait que j'aie pleuré devant quelqu'un au travail, c'est vraiment significatif!).
Mon ancienne encadreure a elle aussi quitté cet emploi, quelques années avant que je le fasse moi-même. Elle l'a fait pour la même raison que moi, parce que la gestion l'y avait poussée. En marchant, on discutait de la vieille époque, celle où on travaillait ensemble. Et elle a dit quelque chose qui m'a frappée : "Oui, c'étaient mes belles années, ça, je dois dire."
J'ai trouvé ça triste. Et surtout, j'ai compris.
Je n'irais pas jusqu'à dire que ça a été mes belles années à moi aussi parce que câline, j'ai toujours ben juste 33 ans, ce serait juste déprimant. Mais en effet, ça a été de maudites belles années.
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