Ça fait cinq ans que j'occupe mon travail actuel, mais, compte tenu de mes deux congés de maternité, qui ont tous les deux été suivis d'un congé sans solde, j'ai été absente plus de deux ans. Ce qui fait que ya un tas de rédacteurs, ceux qui travaillent sur un autre étage que le mien, surtout, que je ne connais pas, et qui ne me connaissent pas. Ou qui ont simplement eu le temps de m'oublier, dois-je ajouter, car une collègue d'une autre équipe qui travaille pourtant sur mon étage est venue se présenter à mon retour, l'automne dernier, et j'ai dû lui annoncer qu'on se connaissait. Bref.
C'est pas grave, c'est compréhensible, moi aussi j'ai eu le temps de les oublier. Tout ce que ça crée, c'est des moments un peu cocasses, comme celui, cette semaine, où une rédactrice qui voulait me consulter pour un dossier que j'avais revu m'a demandé si j'étais nouvelle.
Mais, apparemment, ça crée aussi des moments juste malaisants comme celui que je viens de vivre. J'étais montée à l'étage supérieur remettre des dossiers à une rédactrice, qui n'était pas à son bureau. J'ai donc laissé les dossiers sur sa chaise, puis, en me dirigeant vers l'escalier pour redescendre, j'ai croisé la rédactrice en question qui discutait avec un rédacteur que je ne connais que de vue. Je leur ai jeté un coup d'oeil, envisageant de préciser à la rédactrice que je lui avais laissé ses dossiers, mais comme elle était dos à moi, je n'ai rien dit. Le rédacteur, lui, par contre, était face à moi. Et lui, il m'a vue. Il m'a comme suivie du regard pendant quelques secondes, mais quelques secondes qui en comptaient quand même juste une ou deux de trop pour que ce soit banal. Puis, pour me saluer, il a incliné, un peu au ralenti, non pas la tête, mais tout son torse, et encore une fois juste un peu trop, ce qui donnait une impression un peu trop révérencieuse. Le tout sans sourire, sans rien dire, juste en me fixant. Comme si j'étais dans un film hollywoodien en train de marcher au ralenti, les cheveux dans le vent, au son d'une chanson de Taylor Swift.
En tk, manifestement, lui, il avait eu le temps de m'oublier.
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