Au cas où vous en douteriez, je travaille encore dans une équipe constituée de dieux. (Ce qui m'amène à me demander quand, donc, j'ai arrêté de répéter fréquemment que j'étais une déesse, et POURQUOI?)
Ce n'est toutefois pas sur le comportement de l'équipe de ménage que j'appuie mon observation, cette fois. En effet, ici, cette équipe est constituée de personnes normales qui ont apparemment reçu des instructions leur permettant non seulement de nous parler, mais de le faire en utilisant un volume régulier, et, mis à part la dame qui me répond systématiquement "Parfait" quand je lui dis "Merci" après qu'elle a vidé ma poubelle - truc que je ne finis juste pas de trouver étrange, même après cinq ans, au point que j'ai sérieusement envisagé de lui répondre "Parfait" récemment quand elle m'a remerciée de lui avoir tenu la porte -, il s'agit de personnes tout à fait respectables qui prennent la place qui leur revient dans l'espace.
Mais aux yeux des rédacteurs que je révise, alors là, je suis - comme les autres membres de mon équipe - rien de moins qu'une déesse.
Ainsi, on me consulte régulièrement avant de changer d'infimes détails, style une virgule. Mieux, on vient souvent quêter ma permission lorsque l'on choisit de ne pas suivre une de mes suggestions, ou lorsqu'une phrase que j'ai déjà revue change. Il n'est pas rare qu'on vienne me poser une question à laquelle je donne une réponse qui repose, non pas sur une quelconque règle de grammaire, mais sur la simple façon dont ça sonne - autrement dit, je suis dotée d'une Oreille Francophone Supérieure. De plus, ma parole est parole d'évangile, c'est-à-dire qu'elle est vérité absolue et incontestable et qu'on l'invoque, sans jamais la remettre en question ou même la vérifier, pour appuyer son avis ou s'opposer à une opinion contraire. Je suis un ouvrage de référence, je suis un dictionnaire.
Est-ce que c'est pas la consécration, ça?
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