J'ai mentionné à quelques reprises mon collègue A dans les derniers mois; ce que j'ai négligé de vous dire, c'est que, parce que le monde de la traduction est petit, A est l'étudiant que j'ai encadré pendant quelques mois à mes débuts comme réviseure.
J'ai également parlé plusieurs fois de l'encadreure qui m'a formée quand j'ai commencé à travailler comme traductrice. Elle m'a beaucoup marquée, et je suppose que c'est normal, puisqu'elle m'a pratiquement portée à bout de bras jusqu'à l'autonomie professionnelle. De plus, par comparaison aux autres encadreures de mon équipe, j'avais la conviction d'avoir remporté le gros lot - pas que les autres n'étaient pas bonnes (pas toutes, du moins), mais la meilleure, c'était certainement la mienne.
Quand on m'a garochée dans l'encadrement alors que je n'étais pas certaine d'être capable de porter un débutant à un quelconque niveau supérieur, je me suis donc beaucoup inspirée de l'approche de mon encadreure. Un truc dont on ne se rend pas vraiment compte quand on encadre un débutant, c'est à quel point, par la force des choses, on finit par mettre l'accent sur les erreurs qu'il fait, en oubliant de mentionner les bons coups. Mon encadreure à moi avait l'habitude de dessiner des petites fleurs à côté des passages qu'elle jugeait particulièrement réussis dans mes textes, et je trouvais ça super. Par conséquent, j'ai perpétué la chose quand j'ai commencé à encadrer A.
Il y a sept ans de ça; j'avais donc complètement oublié les petites fleurs. C'est A qui, hier, m'a dit encore se souvenir que je les utilisais pour souligner ses bons coups.
J'avais réalisé qu'une encadreure peut marquer - autant négativement que positivement -, mais j'avais pas compris que, ayant été encadreure, j'avais moi aussi eu la possibilité de marquer les gens.
Une maudite chance que personne m'a dit ça à l'époque, parce que ç'aurait achevé de me faire sentir inadéquate.
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