Quartz et la mode
Comme beaucoup de travailleurs, je possède une carte d'accès qui me permet de pénétrer dans les locaux de mon employeur. Comme il faut sortir de l'espace de travail pour aller à la salle de bain, je garde cette carte sur moi en tout temps. En fait, depuis onze ans maintenant que je suis entrée sur le marché du travail, j'ai acquis un véritable réflexe qui fait que je mets automatiquement la main sur ma cuisse, à l'endroit où tombe généralement ma carte d'accès, chaque fois que je sors de l'espace de travail pour aller à la salle de bain - ainsi que, par association, chaque fois où je me lève, disons au resto, ou au cinéma, pour me rendre à la salle de bain.
Ma carte tombe sur ma cuisse parce qu'elle est généralement accrochée par un gustruc rétractable à ma taille. Ces gustrucs rétractables sont merveilleux, mais hautement fragiles. Mon ministère a même arrêté d'en conserver dans ses locaux dans les dernières années. L'alternative est d'accrocher la carte dans son cou sur une sorte de petit collier. C'est laid, c'est fatiguant, et puis il faut s'avancer le visage beaucoup trop près de la porte à mon goût quand on veut passer sa carte devant le détecteur, et je me dis que je ne pourrai pas vivre toute ma vie professionnelle sans manger une porte dans le visage de cette façon-là. Heureusement, quand j'ai pété mon dernier gustruc rétractable, Raiontzukai m'en a déniché une trâlée sur ebay pour la modique somme de 99 sous. En plus ils sont multicolores. J'en porte un rose pour l'instant, et j'ai quasiment hâte qu'il brise pour essayer une autre couleur.
Bref. L'abondance de gustrucs rétractables ne règle pas tout, car dans certaines situations, principalement le porte de jupes, de robes, de tops longs ou de pantalons de maternité, ils sont inutilisables et il faut recourir aux abominables colliers.
À force de changer de ministère et de vivre ma vie, j'ai fini par accumuler une quantité assez incroyables de colliers à toutes effigies et de toutes couleurs. À un moment donné, donc, j'ai commencé à agencer mon collier du jour avec mes vêtements. J'ai été plutôt gênée le jour où une collègue s'en est rendu compte. Ce jour-là, je portais du rouge, et mon collier était neutre, sans doute blanc ou noir, parce que je n'avais pas de collier rouge. Ce que j'ai candidement avoué à ma collègue, laquelle, le lendemain, m'apportait un collier rouge! J'avais trouvé ça très drôle.
Et là, il y a quelques minutes, je suis tombée sur une collègue (une autre, quand même, pas la même) qui portait un collier ROSE. Je me suis évidemment exclamée en lui montrant mon gustruc rétractable rose, et j'ai raconté que j'aime le rose, surtout qu'il y en a un grave déficit à la maison compte tenu qu'y habitent trois gars. (Ceci n'étant que partiellement vrai parce que Coco possède deux chandails et une paire de pantalons roses, mais passons.)
Je suis retournée m'asseoir dans mon bureau. Quelques secondes plus tard, est débarquée ma collègue qui, s'étant trouvé un autre collier, mauve celui-là, a décidé de m'offrir le rose.
Là, en cinq ans, ça fait deux personnes différentes qui me donnent un collier. Ça commence vraiment à être gênant.
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