Vous le savez, j'aime pas le monde. Dans la vie, en général, parlez-moi pas. Parlez-moi juste pas. Je n'éprouve aucune envie de vous connaître. Je pars systématiquement de la prémisse que vous ne m'intéressez pas, pis c'est à vous de me prouver que vous valez mon temps. C'est pas très joli, mais qu'est-ce que vous voulez, je veux rien savoir de vous, c'est de même. Cet aspect de ma personnalité explique très certainement le fait que j'aie rencontré l'homme de ma vie au bureau. Parce que c'est le seul contexte de ma vie où j'ai vraiment pas le choix de parler aux gens et de m'intéresser à eux....
Bref.
Il y a des gens qui aiment jaser avec les inconnus dans l'autobus. Pas moi. Ben, parfois, je me fais prendre, mais en général, je laisse ça aux autres. Toutefois, je comprends que ça arrive : on est pognés ensemble dans une grosse boîte pendant 30-40 minutes, ça se peut qu'on ait soudain envie de commenter l'expérience commune qu'on est en train de vivre. Ça va. Je concède.
Cependant, une fois l'expérience terminée, c'est-à-dire une fois qu'on a débarqué de l'autobus, c'est fini. Chacun reprend le cours de sa vie personnelle et individuelle sans tanner les autres avec leur existence. En tk, à mon avis, c'est de même que ça devrait marcher.
Mais c'est pas l'avis de tout le monde. Ainsi, hier après-midi, je suis descendue à mon arrêt, en même temps qu'un dude que je connais pas. J'ai suivi ledit dude pendant quelques secondes, bien sagement, 6-7 pas derrière lui, pis subitement il s'est retourné pour me dire : "On est chanceux, ce soir, il fait moins froid que ce matin."
Sérieux, là? Non seulement tu vas me parler alors que je suis enfin libre, loin du carcan de l'autobus, mais tu vas en plus choisir de me parler de météo? Ajoutez à ça que je me souvenais plus du tout de la température du matin. Parce que je pensais pas devoir retenir l'info pour faire du small talk dix heures plus tard avec un gars avec qui j'ai jamais désiré avoir une conversation. C'est d'ailleurs ce que j'ai répondu - ben, juste le bout où je me souvenais pas de la température, là. J'ai gardé le reste de ma réflexion pour moi. Mon petit dude a renchéri : "Ouin, le cerveau fonctionnait pas très bien ce matin!"
Ben oui, c'était supposé être une blague. De la part de n'importe qui que je connais, ç'aurait été correct, mais pour vrai, déjà que j'avais pas envie de parler de météo avec un nobody en sortant de l'autobus, j'aurais franchement pu me passer de ses commentaires sur l'activité de mon cerveau.
Faque je l'ai suivi sur environ un demi-coin de rue en priant le saint-ciel que rendu à l'intersection, il ne se dirigerait pas du même côté que moi. Mes voeux ont été exaucés et j'ai pu clore mes longues minutes d'agonie avec un "bonne soirée!" et traverser la rue sans me retourner.
Mais là. Vous devinez? Osti que j'ai peur de retomber sur le même gars dans l'autobus ce soir....
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