Sunday, May 13, 2007

La fiction, la réalité et la subjectivité s'entrecroisent constamment, surtout dans un blog aussi personnel que le mien.

Je l'ai déjà dit, mais je tiens à le répéter, même si j'ai compris que je ne serai jamais à l'abri des courriels de bitchage, des questions, des commentaires méchants et que mes mots, malgré leur valeur pratiquement nulle, peuvent tout de même être la cause d'engueulades ou de douleur.

Je continue parce que ce ne sont que des mots, et que c'est la seule chose que personne ne peut m'enlever.

Mais je n'oublie jamais que je suis un miroir, et chacun d'entre vous en est un également, qui voit dans chaque texte uniquement ce qu'il a envie de voir, peu importe ce que j'y ai mis au départ.


Celle-là


J'y repense parfois, seulement pour essayer de démêler la chronologie - et, du reste, je n'y arrive pas. Car tu avais ce talent indéniable, cette dégoûtante capacité à avancer assez progressivement pour que tous n'y voient que du feu, moi comprise.

J'ai été "elle" avant d'être "celle", avant de gagner ce petit "c" qui change tout.
Une parmi tout un tas d'"elles", je n'en doute même pas - et ma petite voix intérieure a su très rapidement que tu voulais que j'en fasse partie.

Mais je l'ai fait taire.

De mon côté, j'étais celle qui étais convaincue de l'honnêteté et des bonnes intentions des gens et qui, par conséquent, ne comprenait pas. J'étais celle qui demandait, mais ne voulait pas savoir.

Je l'ignorais, mais j'étais aussi celle de qui on te parlait, à propos de qui on te questionnait, celle qui faisait l'objet des rumeurs par peur et par dépit, celle qu'on regardait d'un oeil soupçonneux, celle à qui on en voulait.

Celle de qui on s'est vengé, sans y penser à deux fois, celle à qui on n'a eu aucune réticence à infliger une souffrance si réelle qu'elle en devenait tangible; si solide qu'on aurait pu la découper en morceaux et la ranger sur les tablettes, bien droite et sage, ou encore l'accrocher aux murs, pour décorer.

Alors je suis devenue celle-. Celle que tu pouvais à présent cacher sans problème, celle à propos de qui tu mentais, celle à qui tu mentais également, celle à qui tu tentais de remettre le mal qu'elle te faisait, celle que tu ne voulais pourtant pas abandonner à son malheur.

Désorientée, seule, défaite, j'ai été celle qui faisait pitié et qui avait besoin de soutien. Celle qui n'a pas soupçonné une seule seconde qu'en s'accrochant au bras que tu lui offrais, elle acceptait de porter le poids d'un trait d'union et de deux petites lettres de plus. Celle qui, il faut bien l'avouer, s'en serait fichée même si elle l'avait su parce qu'elle n'en pouvait plus d'étouffer et de payer pour les choix et le fun des autres.

J'ai été la complice, celle qui s'est tue, celle qui t'a laissé faire, celle qui savait bien tout ce que tu taisais quand tu retournais chez toi. Celle qui ne se demandait jamais si tu reviendrais, celle qui n'exigeait, ne voulait, n'attendait rien. Celle qui prenait parce qu'elle en avait tellement besoin.

Celle-là, c'est ce que tu as fait de moi. Comprends-tu ce que tu as dû m'infliger pour que j'en arrive là ? Mesures-tu ce que j'ai dû subir pour en arriver à ça, à ce personnage que je ne connaissais pas ?

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