Friday, June 15, 2007

En général, quand dealer avec certains trucs me demande un trop grand effort pour mon bien-être psychologique, je les cache en quelque part pour le jour où je serai capable de leur faire face.

Ça fonctionne bien, sauf que ça veut dire que je tombe régulièrement sur ces trucs-là (par exemple des horaires d'autobus que j'ai pas eu le coeur de jeter quand j'ai balancé mon ancienne vie par la fenêtre), et que je les mange en pleine gueule avant de m'en débarrasser.

Ce soir, je suis tombée sur le e-mail que j'avais envoyé à quelques filles après avoir reçu l'offre d'emploi que j'ai finie par accepter. Il m'a quand même vaguement fait sourire.

Objet : Grave besoin de feedback

Bonjour vous toutes !

Je vous écris ce soir parce que, comme l'indique l'objet, je fais face à un énorme dilemme et que j'essaie de ramasser le plus d'opinions possibles pour essayer de me faire une idée.

Voilà : trois d'entre vous le savez déjà, j'ai reçu cette semaine une offre d'emploi de X. J'ai fait mon stage de cet été dans leurs bureaux de Montréal, et quand les stages se révèlent concluants (pour citer mon monsieur du recrutement), ils mettent les noms des stagiaires sur une liste. Le seul problème, c'est que le poste en question est à Ottawa.

En gros, l'offre est la suivante : poste de traductrice à temps plein au Y, à Ottawa; salaire de départ Z, frais de déménagement couverts jusqu'à concurrence de A, débutant en septembre.

Les possibilités de transfert à Montréal sont presque nulles : les postes sont rares, tout le monde les veut et ça fonctionne par ancienneté.

Les plus : c'est un domaine qui m'intéresse, c'est une offre rêvée avec des avantages incroyables, je n'ai qu'à dire oui pour avoir la job (aucune entrevue ou quoi que ce soit, la seule condition est évidemment l'obtention de mon diplôme au mois d'août) et je n'ai même pas besoin de me chercher un emploi à la fin de mes études. En plus, ça me permet de déménager d'ici et de me débarrasser du voisinage malsain.

Les moins : j'ai pas envie de déménager à Ottawa !!! Je connais pratiquement personne là-bas, je suis pas sociable, c'est loin de tous mes amis et de ma famille et je suis bien malgré tout à vivre où j'habite.

J'ai juste qu'au 3 mars pour donner ma réponse... Alors je vous en supplie : qu'est-ce que vous feriez à ma place ? Est-ce qu'il y a des avantages ou des désavantages auxquels j'ai pas pensé ? Qu'est-ce que vous pensez de tout ça ???? Je sais bien que vous ne pouvez pas prendre la décision à ma place, mais j'ai désespérément besoin de feedback parce que je suis littéralement dé-chi-rée.... Alors, j'attends vos commentaires.

Bonne soirée !

Quartz xxx


Je me suis fait la réflexion en fin de semaine que c'est vraiment épuisant d'avoir tout un tas de trucs dont on a jamais voulu, dans sa vie. Je dirais même : presque exclusivement des trucs dont on a jamais voulu. Depuis que j'ai terminé mon cégep, on dirait que mon destin m'échappe complètement.

Le programme coop, un appartement pendant mon bac, les stages à Montréal, la recommandation d'embauche, l'offre d'emploi, l'emploi en lui-même, la possibilité de m'éloigner du vide où je m'enlisais, ce sont tous des trucs dont je n'ai jamais voulus. Jamais - et c'était bien drôle au début de voir la vie dont j'aurais dû rêver me tomber dessus un morceau à la fois, mais ya ben des limites, à un moment donné, non ? C'est juste ridicule de se fatiguer à diriger sa vie vers quelque chose quand quelque chose d'apparemment plus fort semble décidé à la tirer ailleurs.

Puisque ça sert à rien, j'ai arrêté de me projeter dans le futur. Disons que mes seuls projets sont d'aller en Tunisie, en Angleterre-Écosse-Irlande et de terminer ma probation au bureau. En dehors de ça, je ne m'attends à rien. Mieux : je ne veux rien.

Comme ça, le prochain truc qui viendra chambouler ma vie ne viendra pas contrer mes plans de vie; et tant qu'il ne se passe rien, je peux continuer à essayer de reprendre tranquillement mon souffle.

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